Si vous êtes producteur en bio et que vous vendez vos produits en direct vous avez sûrement eu un(e) client(e) qui a regardé vos produits puis le petit panneau AB et vous a dit » moi la bio j’y crois pas ».
La parfaite répétition de la scène m’a amené à 2 conclusions : la première c’est que la bio a en partie perdu son combat. Quand vous interrogez ces gens et les autres d’ailleurs, ils vous disent que la bio est une vaste fumisterie. Ils pensent, souvent à raison, que dans l’environnement dégradé dans lequel nous vivons, il est impossible de produire quelque chose qui échappe à la pollution.
Seulement voila, la bio ce n’est pas fournir un produit exempt de pollution, c’est valider que ce produit est issu d’un processus qui n’a pas eu recours à des intrants chimiques ni à certaines techniques polluantes. Qu’aujourd’hui l’immense majorité de la clientèle pense que la bio sert à preserver leur petite santé, c’est un échec total. Ce type de production est encadré par un cahier des charges validé par l’Etat et l’UE, dont l’objectif est de préserver l’environnement notamment agricole (sol, bêtes, eau…). Il est (mal) controlé par des organismes privés qui autorisent l’utilisation du label ppur la vente.
Certes à la fin, si l’environnement agricole n’est pas dégradé vous avez des chances de mangez moins de merdes. Mais le marketing santé à totalement occulté les objectifs initiaux de la bio.
Comment pouvait-il en être autrement ? Pensez que l’Etat moderne, cette machine à uniformiser, pouvait élever nos productions alimentaires au niveau qu’on peut attendre d’une société développée, c’était croire au père Noël.
D’ailleurs, et voici la 2ème conclusion, ce terme « croire » interroge. Il indique à quel point nos pratiques alimentaires sont encore empreintes d’un lot de croyances.
Le label, cette invention capitaliste, a bien tenté de transformer la confiance nécessaire en son producteur en une technique uniforme, universelle, contrôlée… Mais c’est mort, la confiance indispensable à la croyance, fonctionne avec un tissu de relations intimes et affectives que le logo AB ne peut remplacer.