L’ère moderne, avec son autel dressé en l’honneur du Marché et de la Croissance, ressemble de plus en plus à une mauvaise farce. Ces deux divinités, que le libéralisme économique vénère avec une ferveur quasi religieuse, sont en fait les architectes d’un monde en ruine. Alors que les apôtres de ce culte prêchent la bonne parole du « Marché Tout-Puissant » et de la « Croissance Infinie », les fondations même de notre société se fissurent sous le poids de leur dogmatisme aveugle.
L’obsession de la croissance et du libre marché, prêchée par des figures comme Adam Smith et exacerbée par l’école de Chicago, a muté en un dogme quasi religieux. Le « Marché », élevé au rang de divinité omnipotente, est vénéré pour ses prétendues vertus autorégulatrices, alors qu’en réalité, il est la source principale de crises et de ravages environnementaux. Ce que nous vendons comme une main invisible guidant le monde vers la prospérité n’est autre qu’une main de fer écrasant impitoyablement tout sur son passage : environnement, équité, et même la raison. Ce paradoxe est flagrant : en quête de prospérité et de bien-être, le monde occidental s’est enfoncé dans un culte aveugle d’un marché destructeur pour la planète.
Cette foi inébranlable dans la croissance est un autre pilier de l’illusion libérale. Telle une drogue addictive, elle nous pousse à toujours plus consommer, produire, épuiser – un cercle vicieux de destruction habillé en progrès. La croissance, en tant que mantra sacré du libéralisme, est devenue une obsession malsaine, un véhicule filant tout droit vers le précipice de l’effondrement environnemental et social.
Pendant ce temps, le pape François, dans une rare lucidité vaticane, lance un pavé dans la mare de cette idéologie. Ses critiques acerbes contre la divinisation du marché et l’idolâtrie de la croissance ne sont pas seulement des paroles dans le vent. Elles mettent à nu l’escroquerie colossale que représente le libéralisme économique – un système qui transforme les catastrophes en opportunités de profit et les crises en carnivals du capital.
Pourtant, malgré les cris d’alarme de penseurs éclairés et de leaders spirituels, la machinerie libérale continue de tourner, imperturbable, alimentée par une société hypnotisée par les lumières clinquantes de la consommation et la promesse vide d’un avenir meilleur – achetable en douze versements sans intérêts. La critique ne suffit plus; il faut une révolution dans notre manière de penser l’économie, un renversement des idoles de marché et de croissance.
En somme, le libéralisme, avec son culte de la croissance et du marché, s’avère être non pas la panacée promise, mais une malédiction déguisée en bénédiction. Il est temps de déchirer le voile de cette supercherie et de repenser nos valeurs et nos priorités. L’heure est venue de rejeter les faux prophètes du marché et de la croissance, pour embrasser des modèles économiques et sociaux justes, durables, et véritablement humains. Le futur de notre planète et de notre société en dépend.